Les autres débordent ! (s'indignent les uns)

(fustigations des uns, toutes espèces confondues)

Les autres prennent trop de place...
- Leurs bidonvilles menacés par les érosions, leurs cités en constant délestage, leurs tas d’ordures et leurs décharges d'immondices en pleine rue, leurs fosses septiques débordantes de déjections, leur chômage endémique, leurs fécondité galopante, leurs marchés insalubres, leurs buvettes sordides, leurs terrasses tapageuses, leurs malewas pouilleux, leurs écoles délabrées, leurs dispensaires et leur hôpitaux sans médicaments, leurs poux et leurs maladies, leurs malarias chroniques et leurs crises de dysenterie... et maintenant leur épidémie de choléra !, leurs morts innombrables, leurs cimetières anarchiques et leurs charniers puants et polluants, on ne voit plus (on ne sent plus, on n'entend plus) que ça !
fustigent les uns.

Les autres...
- On n’est plus chez soi chez nous ! Les autres prennent toute la place ! Dans quels parcs préservés et jardins arborés pourrons-nous construire demain nos gated communities, nos quartiers Montfleury, nos cités du Fleuve et nos Républiques de la Gombe, nos villas sécurisées et les nécropoles "Entre Ciel et Terre" de nos vieux parents ? Où installerons-nous demain les courts de tennis, les parcs d'attraction et centres de loisirs de nos enfants et de nos petits-enfants, leurs écoles privées, leurs cercles équestres, leurs clubs sélects, leurs "Petit Paradis" de Maluku et leurs terrains de golf ?
grouillent, se pressent et rognent, grappillent, franchissent illégalement les murs et les clôtures, transgressent et s’insinuent, s’introduisent dans les parcs nationaux, les jardins botaniques et les réserves naturelles, occupent les domaines et les forêts, squattent les usines, les plantations, les parcelles et les immeubles des uns et envahissent leurs sites miniers.

Et à l’international, c’est pire encore
Les autres débordent et déferlent, traversent le désert de Libye, la Méditerranée, le Golfe d'Aden ou le Bosphore, l’Atlantique ou le Rio Grande…

Et leurs cadavres
- Les autres ne savent même pas nager !
polluent les mers et les océans, s’échouent sur les plages des uns, mettent en faillite leurs hôtels de luxe et les agences de voyage qui leur promettaient la lune et le soleil.

Et ne voilà-t-il pas, s’ils survivent à des traversées aventureuses qu'ils ont entreprises de leur propre initiative et à leurs risques et périls, que les autres cherchent encore à vivre comme tout le monde, veulent trouver du travail, avoir accès à la santé et être en mesure d'offrir une bonne éducation à leurs enfants, prennent la parole, s’indignent, lèvent le poing, revendiquent, oh !  

Le temps des croisades est revenu ! décrètent les uns. Celui des pogroms, des ratonnades, des tirs au pigeon et des chasses à courre

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