Mes tags sous dialyse (je n'écris plus, je transfère)


Tout se déglingue, je sens que je commence
(mes tics, mes tocs, mes tags) à énerver sérieusement ma petite chérie et, dans le même temps, je me découvre définitivement incapable...
- J'essaie, j'essaie encore, j'essaie toujours... mais ça tarde à démarrer, ça ne démarre pas, ça ne démarre jamais  ! Ata na lingala !
de raconter aux gens les histoires qu'ils veulent lire et de composer les personnages qui leur conviennent.
Et ne voilà-t-il pas que je me casse la figure dans l’escalier de la rue Maes...
- Je descends de mon grenier vers deux heures du matin (dare-dare, pour une urgence), je ne glisse pas, je ne trébuche même pas... et ne voilà-t-il pas que je perds connaissance et que je m'évanouis et que je dévale plusieurs volées de marches et que je me retrouve au rez de chaussée, sonné, en position foetale et la gueule en sang, oh !
Et voilà aussi que je n'arrive plus à parler au téléphone sans perdre mes mots, mes phrases ou mes idées (et recracher mon dentier).
Et voilà encore que je ne sais plus comment signer…
- J’ai perdu le geste de la main? J’ai oublié le code ou la formule magique ?
les chèques, les paiements électroniques ou les accusés de réception
Et voici même...

- C'est grave, docteur ?

que je fais un peu de vaisselle (en attendant que mon café passe)....
et que je me surprends à pisser quelques p'tites gougouttes d'urine dans mon caleçon, oh !


Tout continue de se déglinguer.
Je me retrouve en situation précaire, comme une vieille ampoule (se balançant toute nue au bout d'un fil électrique, éteinte et grelottante... mais incapable cependant de rester immobile et de se tenir coi) ou comme un vieux chien (devenu aphone, crachotant et pris de frissons... mais ne pouvant pas non plus se retenir d'uriner sur le paillasson de la loge du concierge-flic de l'immeuble), à la merci d'une violente rafale de vent ou d'un méchant coup de balai.
Je réduis ma voilure, je descends mes couleurs, je décroche le panier de basket fixé au mur du garage, je rentre les vaches, les poissons tropicaux, les balançoires et les palmiers en pot, je me calfeutre, je me place en mode muet, je réponds plus au téléphone, je ne vois plus personne, j'essaie de faire pousser des chicons ou des champignons dans mon grenier...

Ces derniers temps, le processus tendait encore à s'accélérer, il m'arrivait même de perdre des personnages en cours de film ou de roman si bien que je me suis résolu à consulter quelques médecins.
Ils ont prospecté, examiné, analysé, diagnostiqué et décidé...
- De quoi tu te plains encore ? C'est mieux que le cimetière, le bagne, la caserne ou l'asile d’aliéné, non ?
de me placer sous dialyse.

On m'a installé dans un mouroir (ou une chambre de résurrection) aseptisé en compagnie d'une quinzaine d'autres vampires, jusqu'au boutistes et acharnés thérapeutiques (généralement livides, avides, éreintés, maussades, anxieux, envieux, larmoyants, égocentrés, cadavérés... et quelquefois bravaches, bienheureux, béats et rigolards).

Et depuis lors...
- Trois heures (minimum) durant et trois fois par semaine ! Sans aucun espoir de gagner au loto ! Jusqu'au Grand Soir !
on m'enfonce (sans méchanceté, avec délicatesse et détermination, en veillant à ne pas me faire mal) des aiguilles dans la peau, on me branche à une espèce de machine à laver, on m'interdit de bouger et de plier le bras gauche !
Et je m'emmerde et je m'emmerde et...

Et je trouve à m'occuper avec la main droite. Sur mon smartphone. Des heures durant.
Je cherche tous azimuts des infos, des jokes, des images, des sons, des mots. Je les sélectionne...
- Sans me prendre trop la tête ni me casser le cul !
et les transfère aussitôt à des gens qui ne m'ont rien demandé et n'ont absolument rien à cirer de ce que je leur balance.

Et pour ce faire, Whatsapp et Facebook me suffisent.
Le téléphone et le courrier électronique ? Sans effet ! Dépassés ! Je n'écris plus, je ne communique pas, je me contente de transférer...
- Sans likes ni commentaires !
à un mix de gens (des "amis" de la RDC et du reste du monde) un max d'infos (sur la RDC et au reste du monde), entrecoupées, fourrées, farcies, lubrifées, mâtinées, emmiellées, infectées, encrassées, gangrénées, parfumées ou agrémentées...
- C'est selon ! Chacun le prend comme il l'entend !
de musiques, d'espiègleries zoologiques et de « pensées » de « philosophes » ou d'« humoristes » de réseaux sociaux.

Je m'emmerde, je m'occupe, j''intègre et je crée des réseaux d’informateurs et de destinataires. Je transfère et...
- Et je me fais plein d'amis, non ?
Cela me dispense d'écrire par moi-même et à la place des autres, de découvrir et de rêver, de rire et de pleurer, de danser et de chanter, de rire et de penser par moi-même et à la place des autres !

Tout s'était déglingué.
Il était temps que j'aille au bout de mon rouleau, que je passe la main et que je cesse d'ouvrir ma grande gueule, non ?


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